La 127e Paris

Groupe Charles de Foucauld, paroisse Saint-Jean-Bosco, (XXème arrondissement)

La 127e Paris est crée en 1956 par la 37e Paris. Elle sera éphémère ne restant active qu’un peu plus de dix ans, jusqu’en 1969.
De la patrouilles aînée? des Elans, à la 127e Paris, un bel exemple de la dynamique de développement des Scouts de France à Paris dans les années 1960.

De la patrouille des Elans...

La 127e Paris de Don Bosco est une fondation de la dynamique 37e (Saint-Germain-de-Charonne).

Des Chefs et Seconds de Patrouille, garçons âgés de seize à dix-sept ans quittent la 37e en 1956. Ils restent ensemble, forment une patrouille aînée?, les Élans.

Celle-ci comprend cinq scouts chevronnés : CP Jean Clément, SP? Jacques Boucher, Guy Haberer, Bernard Schmitt, Jean Hernette.

Son histoire est exemplaire pour illustrer la trajectoire de ces scouts aînés qui quittent la troupe à regret, encore avides de scoutisme, trop jeunes pour être routiers?. Au début janvier 1956, ils ont donc quitté la 37e et sont restés ensemble, formant une patrouille "les Elans" qui prend le patronage de Charles de Foucauld.

La mère de Jean Hernette brode un magnifique fanion qui porte sur une face une tête d’Elan et sur l’autre un cœur surmonté d’une croix, symbole de Charles de Foucauld.

Fanion de la Patrouille des Elans
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Revers du fanion de la patrouille des Elans
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La patrouille s’est aussi auto-dotée d’un foulard noir et d’un insigne de béret particulier, une tête d’élan brodée elle aussi.

Insigne de bérêt.
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La patrouille fait un premier camp de Pâques volant en vélo en Sologne, avec la tournée des châteaux de la Loire, Chambord, Cheverny, Loches, Amboise, et Chenonceau. Au troisième trimestre, la patrouille s’étoffe d’un copain de Jacques Boucher, Bernard Boussuge, de François Clément et de Georges Bourdain, CP de la 37e qui quittent la troupe à leur tour. Elle se fait reconnaître officiellement " patrouille libre " par le QG.

Les membres de la patrouille sont tous de première classe, portent le béret vert des troupes candidates raiders et possèdent une belle quantité de brevets raiders acquis à la 37e : 5 brevets wodcrafts, 5 sportifs, 4 services public, 3 conducteurs mécaniciens, 3 missionnaires, 4 brevets Croix Rouge Française, 3 sauveteurs.

La patrouille arbore aussi 50 brevets, soit une moyenne de 7 par scout ! Voici cette impressionnante batterie de badges qui donne une image des compétences scoutes d’une H.P. de cette époque : 7 campeurs, 7 cuisiniers, 2 pionniers, 5 explorateurs, 2 topographes, 4 nageurs, 3 skieurs, 2 athlètes, 3 métallurgistes, 4 peintres, 1 maçon, 3 menuisiers, 1 vannier, 1 topographe, 2 électriciens, 1 motocycliste, 3 boute en train, 1 acteur, 1 chanteur, 1 musicien, 1 artiste.

Équipés de guêtres militaires en toile qui couvrent le bas des jambes, de petits " sacs de raid " individuels, le tout issu de "stocks américains" (chez Darty porte de Montreuil, chez Dethy place des Vosges…) et que chacun met son honneur à rendre le plus compact et léger possible, les scouts de la patrouille des Élans effectuent de nombreux raids. Voici le compte-rendu de l’un d’eux copié d’un " carnet de raid " :

" Raid en vélo (pat libre de l’Elan) le 11 octobre 1956. Départ vers 23h de Paris, direction Saint-Denis, ça roule bien… Puis on oblique vers Saint-Brice à La Fourche (N1). Les pistes cyclables sont très bonnes. À Saint Brice, on prend D123. Il est plus de 24h, nous sommes crevés ! Nous passons Domont, puis arrivons à Bouffémont. Nous couchons dans un hangar. Le lendemain, Alerte ! Des chasseurs sont à moins de 5m du hangar et parlent de tirer dans la paille ! Heureusement ils s’éloignent, nous nous habillons en vitesse et filons au plus vite vers Bailli-en-France. Là nous obliquons vers la gauche (D9) en plein cœur de la forêt de L’Isle-Adam. Nous rejoignons la N1 puis atteignons Presles où nous déjeunons dans un café. Après la traversée de la forêt de Carnelle, nous mangeons près d’un carrefour, nous réchauffant en jouant avec une balle d’étoffe. Puis vers 14h, nous rejoignons Viarmes à travers la forêt. Nous arrivons à l’abbaye de Royaumont que nous visitons. Le retour s’effectue par la N322 puis les N1, D23. A la Croix l’Abbé, nous obliquons vers Chauvry et traversons la forêt de Montmorency jusqu’à Saint Leu. La pluie se met à tomber. Nous rejoignons Enghien, puis Épinay. Messe à 18h à ND des Missions. Puis visite à l’Abbé Lacoin (ancien aumônier de la 37e) avec lequel nous mangeons. Départ vers Paris et arrivée vers 23h. Il pleut à torrent. Sourions quand même ! "

La patrouille participe au camp des raftmans qui prépare le rallye Raider du “ Soleil levant ” à la Banne d’Ordanche. Elle s’y fait connaître des responsables de la branche éclaireur? des Scouts de France : Michel Menu et ses adjoints Jean Lagarde, qui succèdera à Menu en 1957, Jo Herbet, François Lebouteux, le père des Pionniers et des Rangers. Puis elle participe au rallye parrainé par une fameuse troupe Raider, la 1ère Marcq-en-Barreuil.

...à la 127e Paris

Au 4ème trimestre, la patrouille décide avec l’accord du QG de fonder une troupe sur la paroisse Saint Jean Bosco, seule paroisse du 20ème arrondissement parisien sans scouts.

La patrouille s’installe donc en octobre 1956 sur la paroisse Saint-Jean-Bosco. Celle-ci a été érigée en 1938 dans le très grand patronage salésien Sainte-Anne-de-Charonne de la rue Alexandre-Dumas. Le patronage datait de 1921, l’église, qui est très belle, de 1933-1937.

Eglise St-Jean-Bosco
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Il ne semble pas que les Salésiens aient pensé organiser un groupe scout au sein de leur paroisse, et il n’y avait donc pas eu de scouts à Saint-Jean-Bosco jusqu’en 1956, à moins toutefois que l’hypothèse d’une première 137e, mentionnée entre 1936 et 1939, et implantée sur St Jean-Bosco ne soit exacte.

En recrutant 10 nouveaux garçons sur la paroisse et le renfort de quelques scouts de la 37e, comme André Verliac et Bernard Brosse, elle donne naissance le 1er janvier 1957 à deux patrouilles libres, les Loups (CP Jean Clément, puis très vite Georges Bourdain, SP Alain Maugas, Roger Journeau, Bernard Brosse, Jean Berdier, Michel Poulet, Gérard Lemaître ), et les Panthères, (CP Guy Haberer et SP Jean Hernette, puis François Clément et André Verliac avec Jean Pierre Dukercy, Serge Jardy, Jean Padovani, Michel Baêle, Michel Charvet). Une base type raider est inaugurée le 30 janvier.

Panneau dans la base de la patrouille des Elans
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Les deux patrouilles deviennent Division KIM en avril, " jungle" bande verte, pour les Panthères et " intervention " bande noire, pour le Loups.

La " Division KIM " est la qualification d’une patrouille spécialisée qui nécessite la réunion d’une première classe, de trois secondes classes, d’un certains nombre de brevets. Les insignes sont une étoile d’or sur un fourreau noir en patte d’épaule et une bande de couleur de la spécialité : intervention, jungle, pilote, sauvetage etc. au dessus de la poche.

En juillet elles campent en Isère au lac de Laffrey, avec la 37e.

En octobre 1957, la nouvelle troupe est affiliée avec le numéro 127e. Le numéro est choisi parce qu’il figure sur une liste de numéros vacants et que c’est un numéro en « 7 », proche de celui de la 37e et d’autres troupes de Ménilmontant.

Claude Paillard (ex Commissaire District Eclaireur) et Jean Bousquet, ancien scout de la 84e de Saint Gabriel, ancien C.T. de la 37e, prennent la troupe en main, apportant leur compétence pour cette création. Jacques Boucher (des élans et de la 37e lui aussi, et qui sera A.C.D.R. de Ménilmontant) vient les aider. Jean Bousquet sera C.G. en 1960.

Jean-Claude Lamiraux est CT en 1960 suivi en 1962 de Jacques Barfety.
En 1962-1963, La troupe est dirigée par un C. T. cadre vert, Bernard Müller, ancien C.T. de la 212e à Notre-Dame-de-Lorette. Ce cadre vert ne reste pas longtemps. Il est remplacé l’année suivante par Daniel Charluet qui lui aussi vient de la 37e comme l’assistant Michel Langlois.
La troupe comprend alors trois patrouilles. Les Loups, les Castors et les Guépards. Alain Tétrel est CP de cette dernière avec Michel Ranger comme second, Gérard Posez, Jean Claude Garchey, Akim, Serge Riou. Le camp de Figeac reste mémorable par une descente en canot du Lot et la construction d’un pont.

La meute est attestée en 1963.

La 127e cesse ses activités en 1964.

Le groupe connaît en 1966 une renaissance, œuvre du père Jean Leduff, aumônier, et aussi Aumônier du District. Il s’agit d’une meute puis, en 1967-1968, d’une unité rangers. Le district, très actif, très engagé aussi dans la réforme pionniers/rangers, conduit d’autres tentatives de redémarrage d’unités dans l’arrondissement. Mais en 1969 précisément, la tentative de Saint-Jean-Bosco échoue.

Routiers

Le groupe n’a pas possédé de clan, mais une équipe est attestée en 1959 (C.E., Daniel Bestel), qui comprend sans nul doute la première génération de scouts issus de la troupe.

PS

Cet article était originellement publié sur Scout un jour, un site animé entre 2004 et 2014 par des passionnés de l’histoire des Scouts de France.

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