La 42° Paris, de la paix à la guerre

La 42° Paris, groupe du Christ Roi, implantée sur la paroisse Notre-Dame de la Croix de Ménilmontant nous a laissé quelques exemplaires d’un bulletin de groupe, le « Feu de Camp » créé par Louis Hacquin et Roger Meuillet en novembre 1937.
Nous conservons en archives les numéros 4 et 6 à 22 de ce bulletin. D’autres numéros existent peut-être encore quelque part. Les bulletins de groupe sont vraiment une mine d’information pour l’histoire des unités.
Ces « Feu de Camp » de la 42ème Paris, éclairent la période du passage des groupes scouts parisiens de la paix à la guerre, de 1938 à 1941.

A la 42ème, troupe de milieu populaire, un scoutisme quotidien d’abord assez laborieux puis en développement, bascule brusquement avec la venue du conflit et le groupe brutalement déstructuré dans un premier temps, se réorganise peu à peu.

De la paix...

Février 1938 (Numéro 4.)

La fête d’hiver est annoncée. Après la présentation du groupe, en première partie les scouts mimeront de vieilles chansons françaises, puis les louveteaux? joueront « Une journée mémorable ». En seconde partie, une pièce scoute « troisième principe ».
Quelques noms des scouts acteurs apparaissent : Yves Degardin, G Lefebvre, René Hennenfant, Raymond Huet, Henri Sellié, M Bineau.

Il y a 2 patrouilles à la 42ème à cette époque : les Castors, les Chamois. Le CT rappelle avec tristesse que plusieurs scouts ont quitté la troupe.

Le programme des activités est présenté de cette manière :
 Samedi 5 février, réunion des Elans (la Haute Patrouille) au local de 14h30 à 17h30.
 Dimanche 6, messe à 9h. Propre et à l’heure. Après-midi, fête de la 81ème (Saint Pierre Saint Paul ?). Apporter 3 F 50, rentrée vers 19h.
 Mercredi 9, réunion de troupe au local.
 Samedi 12, les chefs font appel à toutes les bonnes volontés pour travailler à la crypte, à la préparation de la fête.
 Dimanche 13, messe à 9h, Propre et à l’heure. Réunion de journée. Présence indispensable. A 20h réunion. 20h30 fête de Troupe. Fais de la propagande.
 Mercredi 16, réunion à 20h au local.
 Vendredi 18, Article IV. Une B.A. – un devoir : prie spécialement pour tes frères scouts.
 Mardi 22, Le Chef scout et le chef guide (BP et lady BP) ont un an de plus. Penses à eux dans ta prière.
 Mercredi 23, à 20h, réunion des C.P., Cour d’Honneur.
 Dimanche 27, grande sortie ; apporter repas froid et 3 F 50. »

Pour ce qui concerne la meute, Akéla rappelle aux louveteaux qu’il leur faut être à l’heure aux réunions.
A leur programme du mois, une réunion à 2h le dimanche 6, la fête de groupe le dimanche 13 avec promesse de Léon Sabourdjan, le 3ème dimanche libre, réunion à 2h pour le dimanche 27. Les deux samedi avant la fête de groupe, répétitions à 4h et demie.

Une rubrique le « tronc aux écorces » mentionne que Jacques Perreau a reçu la badge de dessinateur, que les Castors ont repris la première place du concours, que la fête passée, "la troupe repartira à fond par de chic activités"…

On trouve aussi un feuilleton, « les remords de Jean-Pierre » et les dix commandements du VP (Visage Pâle, mauvais scout) extrait de la revue LXXXI de la 81e Paris !

Avril 1938 (numéro 6. Le numéro 5 de mars est manquant)

On lit que la troupe campe à Pâques à Blémur près de Piscop en Seine et Oise. Durée : deux jours et demi ! Coût, voyage compris 35 F.

La cuisine au camp de Blémur
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Les Castors font deux sorties au bois de Saint Cloud. Il y a une 3ème patrouille les Cerfs, dirigée par René Hennenfant.
Trois scouts font leur promesse, André Bouteloup, Roger Lorrain et Pierre Vaysse.

Pour la meute on note que les réunions ont lieu le jeudi de 14h à 18h, et qu’une grande sortie a lieu au bois de Vincennes.
A la meute (42ème B ?) des Petits Orphelins de la Charité, au 119 en haut de la rue de Ménilmontant, promesse de deux louveteaux. Bienvenue aux petits frères !

Mai 1938 (Numéro 7)

On lit qu’Yves Degardin a reçu les badges d’évangéliste et d’historien de l’Eglise, Henri Sellié cette dernière, et Robert Vernozen celle d’infirmier.
La chemise kaki remplace le chandail bleu pour la tenue d’été.
Le chef de troupe insiste sur l’absentéisme et la participation, la cheftaine de meute sur la fraternité et l’entraide.

Juin 1938 (Numéro 8)

Une grande question est posée en prévision du grand camp qui s’annonce : "le scout qui ne campe pas est-il un scout ?"

une kermesse a lieu avec le patronage St Jean.

Le grand camp « du sourire » aura lieu du 15 août au 1er septembre à Quiberville en Normandie.
Les louveteaux ne campent pas et la cheftaine ACM Suzanne Brunet assure les réunions du jeudi.

La troupe à Lisieux

Octobre 1938 (Numéro 9)

Dans la routine tranquille de la vie de l’ unité, avec ses hauts et ses bas, brutalement apparaîssent ces mots « la Paix, nous avons eu bien peur pour elle, mais elle est sauvée, Alléluia !"

Puis la vie scoute continue : les Cerfs ont gagné le fanion vert du camp et son chef passe 1er CP Hors cadre. Henri Sellié (Riquet) en devient CP. Une quatrième patrouille est crée, les Cigales dont Paul Guyot (Piouk) prend la direction.

La patrouille des Cigales

Akéla, la cheftaine Denise Dufour, annonce l’ouverture de la chasse, et invite à la fête du Christ Roi, la fête du Groupe, le dimanche 30 octobre.

Novembre 1938 (Numéro 10)

Louis Hacquin le CT, dans un éditorial intitulé « 3ème principe », met ses scouts devant leur responsabilité vis-à-vis de l’image du scoutisme qu’ils présentent à leurs parents : en leur demandant de la rendre plus positive, notamment pour ce qu’il fait ou veut faire de leurs garçons.

On y sent la difficulté d’une vie quotidienne des scouts conforme aux principes de BP et l’inquiétude d’un chef d’unité face à la mauvaise image donnée par ses scouts, pour leur bien et pour les recrutements futurs.

L’ex CP des Cerfs, R. Hennenfant annonce qu’il part faire un stage à la troupe Saint-Georges (formation de chefs).
Les Cigales, nouvelles patrouille, décrivent les couleurs de la pat : fond vert clair couleur d’espérance et bordure mauve couleur de modestie. Ainsi que leur devise (ou cri) « avec joie ».

Au programme de novembre deux grandes sorties les 22 et 27. Est annoncé aussi la reprise de la tenue d’hiver : « en plus ou à la place de la chemise kaki, le chandail bleu passant par-dessus la culotte et dessous le ceinturon ». Autre époque, autre style !

A la meute un article d’Akéla sur les Bandar-logs, ces petits singes très gentils, mais instables et n’écoutant pas. A la meute évidemment il n’y a que des petits loups…
Au programme du mois, outre les activités habituelles, une sortie le dimanche 27 après-midi.

Il est annoncé aussi (en vrac) le mariage en octobre du CADR de Paris Est II Christian Legros avec la cheftaine Renée Lery, que tous les scouts doivent savoir servir la messe et que… la cotisation est en novembre de 20 F pour les scouts et de 13 F pour les louveteaux.

Décembre 1938 (Numéro 11)

Ce bulletin est très intéressant pour la mémoire du Groupe puisqu’il en présente les effectifs chefs, scouts et louveteaux :

0n remarque que deux patrouilles n’ont que 5 scouts.

Le Père Meuillet dans son « mot » intitulé « un monde nouveau »évoque le spectre de la guerre, mais aussi de la misère, du chômage, de l’incertitude du lendemain : Notre Dame de la Croix de Ménilmontant est une paroisse de milieu populaire... Et malheureusement ce qu’il écrit est encore d’actualité : « et tous répètent de l’humble citoyen, à l’homme d’Etat : il faut que çà change, transformer… A quoi bon donner des nouvelles formules, de nouvelles recettes, si les hommes ne changent pas, ne se transforment pas. ».

Une banderole nous révèle les devises des patrouilles : Castors : solides ; Chamois : vers les cimes ; Cerfs : rapide ; Cigales : avec joie.

La patrouille des Cerfs

Les Cigales ont accueilli trois louveteaux, et le CP Paul Guyot se réjouit que sa patrouille soit composée entièrement d’écoliers, (ce qui n’est pas évident en milieu populaire), ce qui les laisse libre le jeudi après-midi…

Il est conseillé aux scouts d’apporter pèlerine ou imperméable en hiver.
Et puis assez inhabituel, il faut le dire, l’annonce de la naissance d’une compagnie guides de France sur la paroisse, une bonne douzaine, 20 rue des Panoyaux sous la houlette de la cheftaine Vergès.

Janvier 1939 (Numero 12)

On y souhaite bon noël et bonne année à tous, comme il se doit.

On y lit aussi une brève fort éloquente de Piouk, CP des Cigales et qui concerne le système des patrouilles : « Le conseil de patrouille doit être réuni assez souvent : une fois par mois environ, et l’on doit y régler toutes les questions qui touchent la vie de la pat. Les scouts doivent y rendre compte de leurs fonctions, on doit aussi exprimer en commun ce qui ne va pas et le remède à y apporter et ainsi aider le CP et le CT dans leur travail ».

Février 1939 (Numéro 13)

Le bulletin informe que les chefs ont dû « par suite de nombreuses absences suspendre l’une des patrouilles » (les castors). Ils demandent instamment aux parents de bien veiller à la présence de leurs fils aux réunions et de les aider dans la tâche qu’ils se sont donné. « Le scoutisme étant un système de formation du caractère, il est nécessaire que votre fils assiste, sauf empêchement grave à toutes les réunions, et qu’il y vienne à l’heure, si vous désirez qu’il produise de bons effets sur votre enfant. De plus vous aiderez à la formation des autres scouts, car la vie d’une troupe nombreuse est bien plus formatrice que celle d’une petite troupe ».

La fête de groupe est annoncée pour le 12 février. Et une Cour d’Honneur le 20 au soir.

Edouard Millet, Lucien Kaffin, Robert Gentilhomme ont fait leur promesse de louveteau et la deuxième étoile a été accordée à Pierre Gentilhomme.

Le Père Meuillet informe qu’il possède quelques pièces d’habillement scout…

Il est envisagé de fonder un groupe d’amis des scouts, avec le dessein de les former pour participer de plus près à la vie du Groupe.

... Vers la guerre

Avril 1939 (Numero 14 - 15)

Rédigé par l’Abbé Meuillet, l’éditorial est un appel très politique relayant les derniers mots du pape Pie XI « la paix… la paix…"

L’aumônier évoque les autres mots qui hélas résonnent aux oreilles : course aux armements, évènements qui se précipitent, martellement des bottes et troupes conquérantes, réarmements, mais aussi angoisse du lendemain et halètements qui ne trompent personne.
Et la paix ? Qu’a-t-on fait pour elle ? Elle réclame des hommes formés à la paix intérieure et chrétienne ; avant la construction de traités une construction d’âmes loyales capables de les respecter et de les appliquer… Il faut prier et s’entraîner à devenir des hommes de paix véritables, c’est-à-dire des Chrétiens.

Le camp à Blémur

Mais la vie scoute se poursuit. Grand duc, le Scoutmestre indique que la troupe n’a que 8 Seconde classe (et aucune Première classe) et il incite tout le monde à se retrousser les manches. Qui sera le premier « 1ère classe », qui sera le premier Chevalier de France ?
Un grand jeu national de signalisation est annoncé.
Le camp de Pâques aura lieu encore cette année à Blémur dans la propriété de Madame Gane.

Du coté des louveteaux, Akéla rappelle à ceux-ci que « le louveteau écoute le Vieux Loup », et annonce un grand concours d’obéissance.
Mais son départ est aussi annoncé. La cheftaine Dufour quitte le groupe. Elle est remplacée par la cheftaine Bachelier qui sera aidé par la cheftaine Bigot.

Enfin, le groupe des amis des scouts est fondé.

Le CT rappelle "qu’ une vieille tradition veut que le jour de la Saint Georges, les éclaireurs et scouts du monde portent une rose rouge à la boutonnière".

Mai 1939 (numero 16).

La vie est belle. On évoque mai, mois de la Vierge Marie « époque des premiers beaux jours, aurore du printemps, heures lumineuses du premier soleil, malgré des horizons menaçants… ».

Le rallye de district est annoncé pour les 28 et 29 mai.
Une quatrième patrouille de 4 scouts a vu le jour après le camp de Pâques, les Eperviers devise « en plein ciel », avec comme CP pélican problématique c’est-à-dire Yves Degardin ex CP des castors et comme SP? Théobald Duchiron (fouine moqueuse).

Au concours des patrouilles et des locaux de troupe de Paris Est II, les Cerfs remportent le premier prix des patrouilles et la 42ème est deuxième pour les troupes.

Le coin des Cerfs au chalet

Le CP des Cerfs quant à lui décrit la totémisation : « totémisation qui vient du mot indien totem, consiste à attribuer au scout un nom d’animal suivant ses qualités, ses aptitudes ou son caractère.
Pour être digne de la totémisation, il faut passer devant le conseil des « fils de la forêt », composé des scouts déjà totémisés.
Ce conseil énumère les avantages des fils de la forêt et se déclare prêt à accueillir le nouveau venu s’il réussi l’épreuve de passage.
Ces épreuves sont variées.
Ainsi on obligera le nouveau totémisé à saisir avec les dents une pièce de 10 centimes au fond d’une marmite pleine d’eau… L’épreuve terminée, un membre du conseil répond du totémisé et après avoir dit les raisons de son surnom venant de ses qualités ou de ses défauts, désormais on ne le nommera plus que par son totem.
Ainsi le signataire de ces lignes s’est vu attribué dernièrement le totem de caïman satisfait ».

Sont devenu scout au camp de Pâques : à la patrouille des Cerfs, Albert et André Darricau (illustre scout boute en train de la 42° qui deviendra après entraînement sur les planches des fêtes du groupe, le célèbre comédien et chanteur Darry Cowl !) et Robert Collignon, aux Cigales Paul Rose et aux Chamois Marcel Bodard.
Paul Guyot a été investi 1er chef de patrouille, Guy Rouget a été totémisé pingouin babillard.

Juin 1939 (Numéro 17, écrit en avril et mai)

Surprenant de routine scoute : on prépare le grand camp, à Sienne près de Donrémy en Lorraine, avec kermesse préalable le 18 juin pour récupérer quelques sous.

Le père Meuillet exalte quant à lui les qualités d’un vrai camp scout.

Une grande sortie est annoncée pour le dimanche 4 juin avec « repas à faire cuire, mais rapidement avec ton matériel de cuisine individuel, 6 F pour le train."

Les louveteaux ne sont pas en reste et à la Pentecôte ont campé à quelques louveteaux à Marolles en Hurepoix avec deux autres meutes (33 louveteaux).
« On ne pouvait penser emmener toute la meute : la tente était trop petite et puis le chef de meute est bien obligé de laisser à Paris tout ce qui pouvait ressembler aux Bandar-logs ».

Le CT et l’AU au Grand camp de Lorraine

Novembre 1939 (Numéro 19)

Là, c’est un coup de tonnerre, la guerre s’est vraiment glissée là.

L’éditorial est signé « le Feu de Camp », mais c’est Louis Hacquin qui l’a rédigé.
Le père Meuillet est mobilisé, le curé de ND de la Croix a pris le relais et s’est chargé de la gérance du journal.
Le Feu de Camp se rappelle au bon souvenir des scouts, amaigri par le régime des restrictions il ne fait que 5 pages et adopte une couverture simplifiée.

Il annonce qu’il va donner des nouvelles des frères scouts « séparés par des kilomètres, mais dont l’unité doit se maintenir, dans l’esprit du groupe », et lance un appel aux abonnements.

Suit un mot du Curé, H. Hubert, qui incite les scouts à avoir des réunions, à rester en relation, à être des vrais scouts.
Un entrefilet : « si vous avez été évacué envoyez votre adresse à Yves Degardin ».

Ensuite un long article de Grand duc (Louis Hacquin) :
« Quelque part aux vendanges, le 9-10-1939
Vieux frères.
Qu’il est loin déjà le retour, si précipité hélas par les tristes évènements que tu sais, de notre grand camp.
Pourtant deux mois ne se sont pas écoulés depuis, mais les séparations rapides, la fuite de la capitale, le manque de nouvelles presque total des autres scouts de la troupe, tout cela fait paraitre très longues ces six semaines.
Je parlais plus haut du manque presque complet de nouvelles, je dis presque, car quelques scouts tout de même m’ont écrit de bien chic lettres prouvant qu’ils avaient pris les évènements tels qu’un scout doit les prendre avec sang froid et confiance.
A ceux-là j’ai adressé mes remerciements pour cette marque de sympathie et les donne aux autres en exemple, invitant ceux-ci à me donner de leurs nouvelles.
Pendant la durée des hostilités, notre troupe continuera à fonctionner, de façon très spéciale certes, mais elle continuera. Vous trouverez ci-joint la nouvelle formule. Vos CP et moi nous nous sommes efforcés de constituer des patrouilles répondant aux besoins présents… /…
Je m’adresse maintenant tout spécialement à ceux qui suivant leur famille ou simplement ses conseils se sont éloignés de la capitale. Ne craignez pas de nous donner de vos nouvelles, croyant être sujet à la moquerie de la part des scouts parisiens.
Vous avez agi selon la volonté de vos parents et en ceci vous avez très bien agi. Restez donc en relations avec nous, ce sera pour tous la meilleure manière de ne pas nous perdre de vue et de pouvoir reconstruire notre cher 42 dès la fin de la guerre.
Si vous avez la chance d’être dans une localité possédant une troupe scoute, n’hésitez pas à vous y inscrire dès maintenant…/…
Si vous êtes moins favorisés et que vous n’ayez à proximité ni troupe SDF, ni troupe d’éclaireurs, trouvez un moyen quelconque de continuer à faire du scoutisme dans les règles, soit en étant scout isolé rattaché à la troupe la plus proche, soit, ce qui sera plus simple, en demandant conseil à la nouvelle patrouille d’aînés du groupe, ou à votre CT qui se fera un plaisir de vous répondre ».

Le bulletin présente ensuite des recommandations pour les scouts restés à Paris :
« Se mettre en relation avec Jean Le Houcq ffACT pour se mettre en relation avec l’un des CP.

Henri Sellié, promu 1er CP, donc pratiquement chef de troupe dirigera la patrouille (les Cerfs) et les patrouilles qui seront constituées ensuite en temps de guerre. Albert Bessa est son second.
Yves Degardin, spécialement chargé de « Feu de Camp » aidera Jean le Houcq dans la direction de la patrouille d’aînés, formée des CP et SP restés à Paris.
Yves Degardin est chargé de liaison entre tous les scouts de la troupe. »

Suivent encore quelques nouvelles où on apprend que les frères Hacquin sont réfugiés en Normandie, le père Meuillet mobilisé au 71è RA (son adresse a été cachée), les frères Darricau au collège à Vannes, Duchiron et Chiroutre en Haute Vienne.
L. Le Houcq, H Sellié, A Bessa, R Bétemps, R Noblecourt, P Rose, R Grégoire, P Montillier, G Lefebvre, P Quétié, R Huet, Y Degardin sont restés à Paris, même adresse.

Le bulletin se termine par un mot de Riquet (Henri Sellié) : « C’est à nous maintenant qu’il incombe la tâche de remplacer ceux qui sont partis défendre notre patrie. Aussi ferons-nous notre possible pour être dignes de nos aînés. Et plus que jamais la devise scoute s’impose : nous serons « prêts ».

Décembre 1939 (Numero 19)

Ce bulletin mériterait d’être reproduit in extenso.
Un édito d’Yves Degardin à peine âgé de 20 ans, cite St Luc : « le torrent s’est jeté sur cette maison sans pouvoir l’ébranler. »

« Sur le monde s’est abattu un cyclone, et tout ce qui avait des bases douteuses s’est lamentablement effondré ; des partis entiers n’ont-il pas été réduits à néant ? Seuls les groupements ayant des idées fondées se sont réformés, bravant les évènements.
Les scouts sont de ceux-là parce que les garçons sont fort de leur idéal, parce que celui–ci est capable de les soutenir, ils n’ont pas été frappés par la violence des faits ; au contraire, ils ont porté assistance aux autres… / … Petit frère, tu es fort de ton scoutisme, et malgré tout comme cette maison, malgré les torrents les plus impétueux, tu maintiendras. »

Suis un long article intitulé « Notre CT », une lettre signée Louis Hacquin, SR, 42ème Paris, qui précise les évènements que la troupe a subi.
Grand duc rappelle qu’il a été contraint de quitter Paris précipitamment pour partir « aux vendanges », qu’il a demandé à Henri Sellié de constituer une patrouille, ce que ce dernier a parfaitement fait. Mais il a été contraint de partir à son tour. Heureusement la troupe ne s’est pas trouvée sans guide puisque Jean le Houcq (Rat des chants), Paul Guyot (Piouk) et René Hennenfant sont revenus à Paris. Jean le Houcq, malgré son expérience de chef (notamment à la 37ème Paris), est trop pris par ses études et ce sont Piouk et René qui dirigent la troupe.
Grand duc déclare que, même éloigné, il reste à la disposition de tous pour les épauler et participer aux « roulottes », ces lettres circulaires.

D’autres articles, une lettre du père Meuillet, exaltent l’esprit scout et l’espérance.
Enfin Paul Guyot annonce la re-naissance d’une seconde patrouille de 5 scouts, encore sans nom, à coté des Cerfs (la patrouille d’aînés restant vivante).

Janvier 1940 (Numéro 20)

Ce bulletin nous donne peu d’information sur le groupe sinon que « la vie est redevenue presque normale." On peut lire plusieurs articles : plein de bons vœux pour l’année 1940, sur l’espoir, l’amour et le devoir pour la patrie, les vertus scoutes, la nécessité de recruter.

Un article de Louis Hacquin rappelle ce que fut l’année 1939. On y apprend que le camp de Lorraine fut d’un bon tonneau, avec une troupe dynamique, de belles installations.
Yves Degardin parle d’une patrouille Jeanne d’Arc : s’agit-il de la patrouille d’aînés ? En tout cas elle se propose d’écrire une série d’articles explicatifs de ce qu’est le scoutisme.

Février 1940 (Numéro 21)

Ce bulletin prend un ton des plus patriotique. Un des 5 dessins de Louis Hacquin, est une caricatures des chefs allemands et italien. Un autre, ci-après, en couverture rapproche croisés et armée.

Après l’éditorial de l’aumônier, on trouve un article sur la devise « être prêt » de la patrouille Jeanne d’arc.
Louis Hacquin rappelle ce qu’est le « système des patrouilles » et confirme que la troupe est revenue à deux patrouilles.

Des brèves informent que l’association des SDF parraine le contre-torpilleur « le Hardi » et que « les premières troupes SDF sont nées pendant la guerre de 1914 – 1918. Nos troupes actuelles en ressortiront fortifiées par l’épreuve et comme pendant la grande guerre auront prouvé leur utilité et leur valeur."

Mars 1940 (Numéro 22, daté lui aussi -par erreur semble-t-il- de février)

Ce dernier bulletin que nous explorons, informe sur le camp de Pâques, trois jours passés encore une fois au château de Blémur. Peu de scouts, mais de la joie « au camp, la vie est belle », une promesse, celle de Daniel Guyon, des installations confortables qui prouvent que les garçons n’ont rien perdu de leur technique.

Le 1er CP, Yves Degardin, dans un texte portant sur l’idéal scoute et l’humanité le termine par « Si vous voulez un lendemain de guerre bâtit sur une paix solide et durable, confiez-nous vos garçons, nous en ferons des hommes. »
Les "roulottes" se sont remises à circuler. L’abbé Meuillet est Brigadier chef. Henri Sellié réfugié à Cahors, et Guy Rouget dans le Cantal encouragent leurs frères scouts parisiens.

Deux brèves : l’annonce du décès de Mme Gane qui recevait les scouts dans sa propriété de Blémur pour les camps, et celui de Albert Guigou le CT de la 62ème (Saint Joseph) mort au champ d’honneur le 17 octobre 1939.
Et puis encore trois articles : le premier signé : la patrouille Jeanne d’Arc traite de la bonne action quotidienne ; le second, anonyme, de la nature et de l’article 6 ; le 3ème signé de lévrier méticuleux, traite des astres.

Le groupe semble s’être re-stabilisé et installé dans les années de guerre…

PS

On ne connaît ensuite plus rien de la vie du groupe jusqu’en 1948. Qui pourra en rapporter la mémoire ?

(Les photos sont issues d’un album personnel de Louis Hacquin.)

Cet article était originellement publié sur Scout un jour, un site animé entre 2004 et 2014 par des passionnés de l’histoire des Scouts de France.

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