Une page d’historique régional

C’est à Lille que naquit le 7 décembre 1882 le Père Jacques Sevin. Après avoir procédé dès 1917 à Mouscron à des essais de scoutisme catholique, il créé avec Xavier Sarrazin en 1919 à Lille "l’association des petits Scouts de France" qui compte rapidement cinq troupes. En 1920, aux côtés du chanoine Cornette, il créé une association nationale des Scouts de France qui fédère les petits groupes épars de scouts catholiques de Paris, Lille, Nice et Macon.

Le R.P Sevin devient alors le théoricien du scoutisme catholique avec son livre "le scoutisme" qu’il publie en 1922. Malgré les oppositions, le Scoutisme se répand très vite dans tout le Nord Pas-de-Calais : 1919 Lille, 1921 Douai, 1933 St Omer. Il est curieux de constater la vitesse à laquelle les troupes scoutes se créent dans la région alors que quelques années auparavant une large fraction de l’Église a combattu le Scoutisme en raison de ses origines anglaises où d’aucun croyait discerner une influence protestante, franc-maçonne ou théosophe. Le directeur de la Semaine Religieuse de Cambrai, Mgr De Lassus, a combattu infatigablement cette nouvelle méthode éducative suspecte. Très rapidement, le département du Nord devient la Province de Flandres sous la direction de Bernard de Huy. Pierre Barrois lui succède en 1930 comme commissaire de province. Le Pas-de-Calais est érigé en 1928 en Province d’Artois dont le commissaire sera jusqu’en 1944 le Comte Adrien d’Esclaibes. La croissance numérique des Scouts de France de Flandres Artois est remarquable : l’Artois compte 619 scouts en 1933, 1021 en 1936, 1411 en 1940. La Flandres en compte 2071 en 1933, 2686 en 1936, 4280 en 1940. Le Scoutisme s’ouvre dans toutes les directions à partir de 1927, le R.P Sevin fonde à Berck la branche "extension" : grâce à celle-ci des milliers d’handicapés - et d’abord les "allongés" de Berck - découvrent le Scoutisme. A intervalles réguliers, de grands rassemblements regroupent tous les scouts d’une province : 1928 à Villers Chatel pour l’Artois, 1933 à Somain pour la Flandre.

1940-1945 : le temps des épreuves

Avec le début de la guerre, Scouts, Guides et Éclaireurs multiplient les actions de service : ramassage de ferraille pour la Défense Nationale, action aux côtés de la défense passive en vue des bombardements, accueil de réfugiés. La mobilisation générale pose de graves problèmes d’organisation aux troupes, la plupart des chefs étant mobilisés. Le système des patrouilles est un moyen de continuer le Scoutisme presque sans chef.
Durant les combats de mai-juin 1940, dix chefs sont tués en opérations pour la seule province de Flandre. Interdit par les Allemands à l’automne 1940, le Scoutisme continue dans une semi-clandestinité : levers aux couleurs discrets et rassemblement en forme d’hexagone illustrent le patriotisme du mouvement.
De nombreux aînés rejoignent la Résistance et le mouvement paiera un lourd tribu à la libération du pays : Scouts tués à Tourcoing en combattant à la Libération, à Bailleul, à Lille...

Le commissaire de province d’Artois, le Comte d’Esclaibes est arrêté par les Allemands en août 1944. il fait partie du train de Loos et meurt en déportation en mars 1945 au camp de concentration de Bergen-Belsen.
En avril 1945, 10.000 scouts, guides et éclaireurs de toute la région se retrouvent, malgré les difficultés de transport pour un immense rassemblement à Marcq-en-Baroeul, à l’hippodrome du Lycée Laroche. Le Jamboree de 1947 (rassemblement mondial des scouts) qui a lieu à Moisson, en région parisienne, illustre la vitalité des Scouts du Nord : ceux-ci y construisent un immense beffroi... en bois.

1962 : l’évolution des méthodes et des structures

L’évolution de la société française depuis 1945, l’évolution de la jeunesse (scolarisation massive, influence de la télévision), l’évolution de l’Église avec le Concile du Vatican II poussent les Scouts de France à s’adapter : structures et méthodes pédagogiques évoluent profondément. A partir de 1962, la région Nord Pas-de-Calais des Scouts de France est constituée par fusion des deux provinces de Flandres et d’Artois. Et surtout, les premiers essais de réorganisation des tranches d’âge sont lancés : en effet les centres d’intérêts des préadolescents (12-14 ans) ne sont plus ceux des adolescents (14-17 ans). On assiste à une séparation des jeunes scouts à chemise bleue, les Rangers, de leurs aînés à chemise rouge, les Pionniers. Dans le Nord, Serge Ducrocq va être l’un des ardents promoteurs de cette réforme.

Les événements de mai 1968 et leurs conséquences culturelles vont directement marquer les mouvements de jeunesse et le Scoutisme : en de nombreux endroits de France, la non directivité mal comprise et mal appliquée va remettre en cause les fondements mêmes du Scoutisme. Les effectifs vont commencer à fondre dés 1969. Mais le région Nord reste relativement à l’écart de cette tourmente, faisant sous la direction de Bernard Bisman, le choix d’une évolution réfléchie et mesurée. Scissions et dissidences seront ainsi évitées... ce qui ne sera pas le cas partout !

PS

Cet article est repris du site de la région scoute Nord-Pas-de-Calais avec l’autorisation de l’auteur.

Cet article était originellement publié sur Scout un jour, un site animé entre 2004 et 2014 par des passionnés de l’histoire des Scouts de France.

Publié le (mis à jour le )