Belle journée Kemal. Ce monde pourrait bien changer, après tout.

Les scouts grecs, toujours héros des réfugiés.

"Pourquoi faites vous ça ? Pourquoi, du haut de vos 20 ans, presqu’encore des enfants, travaillez-vous si dur, autant d’heures, pour des gens que vous ne connaissez pas et que vous ne reverrez probablement jamais ? Pourquoi donc faites-vous cela ?", leur demandez-vous.

Ils sourient. Tous. "Parce que !" répondent-ils. Puis ils ajoutent : "Et vous, pourquoi ne le faites-vous pas ?".

Alcestis, de Lerapetra, Nikoleta de Piraeus, Dimitra, de Nea Smyrni, et Panagiotis de Mytilene : des jeunes étudiants, presqu’encore des enfants, qui étudient à l’Université d’Aegean.

L’autre jour, je les rencontre en dehors de Mythilene, au camp de réfugiés de Kara Tepe. Sans se plaindre, ils étaient comme noyés parmi la foule désespérée. Mais vous pouviez les distinguer, parce qu’ils travaillent sans cesse. Ils savent ce qu’ils ont à faire, juste en échangeant quelques regards. Ils travaillent, et ils sourient. Entre eux, et à tout le monde autour d’eux.

Vous pouvez les remarquer aussi parce qu’ils portent un foulard bleu. Et parce qu’ils chantent. Enfin ... l’un d’entre eux chante.

"Que chantes-tu ?", lui demandez-vous. "Une chanson" répond-elle. "OK, une chanson, mais laquelle ?" lui demandez-vous encore. "Une de nos chansons. Elle raconte que si vous portez un foulard de la même couleur que celle du ciel, alors vous avez la même lumière dans vos yeux".

Ce soir, dans le camp de réfugiés, un groupe de scout grecs nourrient des centaines de personnes. Ils aident d’autres en train de faire la queue pour enregistrer leur désespoir. Ils portent des objets, sourient, soulèvent d’autres objets, chantent et ils glissent des caresses amicales à Dieu seulement sait combien d’enfants.

Et leurs yeux, toujours, brillaient du même bleu que le ciel, du même bleu que leur foulard, du même bleu que leur chant.

"Pourquoi faites vous ça ? Pourquoi, du haut de vos 20 ans, presqu’encore des enfants, travaillez-vous si dur, autant d’heures, pour des gens que vous ne connaissez pas et que vous ne reverrez probablement jamais ? Pourquoi donc faites-vous cela ?", leur demandez-vous.

Ils sourient. Tous. "Parce que !" répondent-ils. Puis ils ajoutent : "Et vous, pourquoi ne le faites-vous pas ?".

Belle journée Kemal. Ce monde pourrait bien changer, après tout. Belle journée.(*)

(*) Le titre de cette histoire est une adaptation d’une ligne d’un célèbre morceau du chanteur grec Manos Hajidakis : "Kemal". A écouter en anglais ou en grec.

Le contexte de ce texte

Ce joli texte et la photo ont comme auteur le journaliste et scout local Stratis Balaskas.

Le texte et la photo ont été publiés le 22 octobre 2015, sur l’île de Lesvos en Grèce. C’est la photo originale de l’article, nous l’avons laissée.

Un an plus tard, alors que le trajet entre Turquie et Grèce a été officiellement coupé, la situation à Lesvos, Chios, Kos, et les autres îles grecques est loin de ce à quoi on aurait pu s’attendre. Les scouts grecs sont toujours impliqués dans de nombreuses actions auprès des réfugiés à travers le pays. Cette histoire décrit quelques actions réalisées la veille du texte.

Ce texte est dans notre rubrique "textes de réflexion" car il peut être un support à des temps de réflexion dans ton unité scoute autour de l’accueil, la solidarité, la prise d’initiative.

PS

Cette histoire a été publiée par Stratis Balaskas sur le site Eνεργός Πολίτης le 22 Octobre 2015.
Traduite et publiée en anglais par le Bureau Européen du Scoutisme le 25 octobre 2016.
Traduite en français par LaToileScoute.

Publié le (mis à jour le )