Comme des enfants

Citoyenneté

Ce texte a été écrit par Guy Gilbert, à l’occasion de la victoire au premier tour du Front National en 2002. Il peut être une occasion de débattre sur la citoyenneté ou le vote.

Ils étaient comme des enfants. Une petite foule. Une sono crachotante tentait de les unir. Mais le coeur n’y était pas pour qu’ils se rapprochent. Ils étaient éparpillés.

C’était le 5 mai dernier au soir, place de la Bastille à Paris. Je m’étais glissé au milieu de ce rassemblement morose après avoir lu sur l’écran de télévision l’énorme « chiffre » qui, pourtant, ne pouvait faire que des heureux. La Droite avait gagné les élections présidentielles. La Gauche avait vaincu sa peur. L’extrême-droite hurlait sa joie d’avoir été à l’épicentre du tremblement de terre qu’elle avait provoqué.

Combien de témoignages de « Si j’avais su », « J’aurais dû », « J’aurais jamais cru » ont fleuri durant l’entre-deux tours ! Dans ces jours histo­riques, ce qui nous a grandi, c’est notre refus d’accuser tout le monde en n’acceptant pas de nous responsabiliser en tant que personnes. Le formidable martèlement des pas de nos adolescents sur les trottoirs des villes est un signe d’espérance pour un futur engagement de citoyens adultes responsables.

Pour une fois, des millions de personnes prenaient conscience qu’un bulletin de vote n’est pas « mon choix » mais celui d’élire des gouvernants et désigner un pouvoir.

A force d’être materné, l’enfant ne grandit pas. il reste avec ses petits choix de gosses, son horizon limité, ses colères soudaines, ses caprices et ses peurs.

L’État « d’en haut » nous bichonne, pomponne et nous berce depuis trop longtemps.

Les citoyens passifs que nous sommes devenus découvrent leur narcissisme dans un premier vote qui les a atterrés... mais après.

La célèbre phrase de John Kennedy « Avant d’attendre ce que l’État doit t’apporter, donne-lui ce que tu as de meilleur » devrait être mise en exergue sur tous les tableaux de toutes les écoles.

Un grand chantier de reconstruction attend nos futurs dirigeants. Un autre chantier, et pas des moindres, nous presse. Celui de ne pas nous cantonner dans la recherche exclusive du bonheur privé qui est la tentation d’un pays riche.

Resserrés au chaud dans nos foyers et le plus confortablement possible, nous avons peur d’en sortir. « Dehors, c’est la jungle » ont martelé nos ténors de la présidentielle.

C’est vrai en partie. Mais la paix publique n’est-elle pas aussi de notre ressort ?

Enfin, on ne se reconstruit pas contre les autres.

Il est bon de refuser de débattre des idées extrêmes qui poussent à la haine et à la division. C’est une perte de temps et d’énergie. Par contre, combattre maintenant pour une société ouverte, autonome, fraternelle, oxygénée est [‘urgence de ce temps d’exception.

Nous n’avons pas une minute à perdre.

Citoyens, redevenons adultes !

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