Comment garder ses chefs plus longtemps ?

Qu’attendent nos chefs et responsables de leur bénévolat ? Répondre à cette question permet à la fois de les recruter, mais aussi et surtout de les garder.

Cette étude de France Bénévolat a été réalisée il y a 8 ans. C’est déjà ancien, mais elle reste d’actualité.

Elle te donne les clés pour garder tes chefs et responsables plus longtemps. En 2007, on disait que la durée de vie moyenne d’un chef chez les Scouts et Guides de France était de 18 mois. Cela nécessite énormément de coûts de formation et une énergie folle en renouvellement, et donc de recrutement. Ce chiffre s’améliore cependant, ouf.

Nous te recopions les concepts clés de l’étude, qui, partant de ceux-ci, déroule une série de propositions.

Ces concepts s’appliquent à un niveau national d’une association, mais aussi à tout niveau local.

Dans une étude de 2003 (déjà !), La Croix-Rouge Française souligne l’écart existant entre le fonctionnement des associations instituées (avec sa structure, sa hiérarchie, ses cloisonnements) et les formes d’engagement des jeunes : "Le problème ne serait-il pas du côté des adultes plus que du côté des jeunes ?" "L’engagement des jeunes, c’est apprendre aux adultes à écouter !"

Ce qui favorise et défavorise l’engagement de jeunes adultes dans une association

Postures et attitudes

Ce qui défavorise l’engagement :

  • méfiance a priori avec des stéréotypes du type : Le jeune ne respecte pas ses engagements, est désordre, n’arrive jamais à l’heure, ne ferme pas les lumières... Fais pas ton vieux con !
  • instrumentalisation : on attribue aux jeunes les tâches les plus banales et les
    plus ingrates. Leur confier d’amener de faire les troubadours à la veillée du week-end de rentrée n’est pas une responsabilité !
  • relation au savoir et savoir-faire (en particulier sur l’informatique) avec la peur
    des seniors de perdre leur pouvoir en acceptant de dire qu’ils ne savent pas
    tout. Stop la rétention d’information. Stop les leçons de morale. Stop les "de mon temps".
  • logique d’autorité et non de compétences. Le jeune adulte ne reconnait pas une autorité décrétée, uniquement une autorité basée sur des compétences réelles (et non proclamées)

Ce qui favorise l’engagement :

  • a priori de confiance Donne leur de vraies responsabilités, ose leur confier l’organisation de tout le week-end de rentrée ! En les soutenant. Ose les croire eux d’abord, devant des parents râleurs.
  • ambiance conviviale et festive Une soirée régulière dans le bistrot local, ça fait plaisir !
  • reconnaître leurs savoir-faire spécifiques et être contents de les avoir. Dire bravo, valoriser, proposer une responsabilité "parce qu’on sait que tu fais ça bien".

Gouvernance

Ce qui défavorise l’engagement :

  • absence de jeunes au CA (ou la présence d’un jeune alibi) Ne pas inviter aux instances décisionnelles du groupe scout, prendre des décisions sans les chefs, faire de la rétention d’information "parce qu’ils ne peuvent pas comprendre", ou les inviter et ne pas les écouter, ne pas les faire intervenir, ne pas prendre en compte leur point de vue.
  • non-reformulation du Projet associatif qui va de soi dans la tête des anciens. hey le groupe évolue, ce sont les chefs et cheftaines les patrons ! Le groupe construit avec eux sa direction à suivre.
  • fonctionnement institutionnel lourd : débats de notables et de pouvoir. Les sujets des conseils de groupe concernent les chefs et cheftaines, les impliquent. On ne parle pas politique associative, problèmes territoriaux, ou autres.

Ce qui favorise l’engagement :

  • réappropriation/reformulation du Projet associatif : pourquoi on est ensemble construire un projet local de groupe ensemble pour se dire où on veut aller.
  • place significative des jeunes dans les instances avec formation à la prise de parole au conseil de groupe, leur parole a autant de valeur que celles des membres des équipes de groupe, ils peuvent influer fortement les décisions.
  • formation spécifique au tutorat chez les seniors chez les scouts, on appelle ça une formation de membre d’équipes de groupe ou de responsable de groupe : manager des jeunes adultes, ça ne s’improvise pas.
  • reconnaissance de l’expérience et des compétences acquises avec une certaine solennité bûchettes, "Valorise Toi" chez les SGDF?, répéter sa fierté de l’action des chefs et cheftaines

Fonctionnement opérationnel

Ce qui défavorise l’engagement :

  • missions individuelles dans des équipes d’adultes avec peu d’autonomie et
    d’initiatives Un groupe scout n’est pas une entreprise ! On ne dirige pas les chefs et cheftaines, on ne donne pas des ordres, on ne confie pas autocratiquement des missions.

Ce qui favorise l’engagement :

  • délégation de projets spécifiques Confie leur toute une organisation d’événement, qu’ils ont choisi, ils s’organisent comme ils veulent.
  • droit à l’erreur Ils ne savent pas tout faire, comme les plus vieux du groupe. Alors l’erreur est permise, on s’en arrange, on rebondit.
  • valorisation des projets réussis Dire merci et bravo, ça ne coûte rien, et ça valorise tant ! Le faire dire par les parents et/ou les enfants, ça compte aussi beaucoup..
  • respecter les rythmes et disponibilités des jeunes Oui ils ont des examens, oui ils peuvent avoir des priorités et des organisations qui peuvent surprendre, mais finalement, si l’action est réalisée, est-ce si grave ?
  • être attentifs aux coûts individuels : transports, repas, consommables informatiques... Etre chef et cheftaine, ça coûte de l’argent, et ils ne viendront pas forcément réclamer remboursement. A toi d’être pro-actif et d’inviter fortement à le faire.

L’étude

PS

France Bénévolat est une organisation qui fédère de très nombreuses organisations bénévoles en France. C’est une référence sur le sujet du bénévolat.

Publié le (mis à jour le )