Jean-Jacques Goldman

Auteur, compositeur, interprète, que serait une veillée autour du feu, une randonnée, un carnet de chant sans du Jean-Jacques Goldman ? Grâce à lui, de nombreux scouts ont pu frimer à la guitare sur "A nos actes manqués" ou sur "Quand la musique est bonne".

Il a également écrit le titre "La Promesse" avec le chanteur Grégoire, qui lui rappelle le temps où il a fait sa promesse. Aucunes surprises, donc, si on vous dit que lui aussi... était scout ! Témoignages.

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« Le scoutisme est une tradition familiale du côté de ma mère, ancienne scout israélite. J’ai été scout pendant dix ans de 6 à 16 ans chez les Éclaireurs laïques.

Ce fut une expérience très importante qui fut d’ailleurs déterminante. Notamment en termes d’emploi du temps puisque l’on y passe tous ses mercredis, ses dimanches et ses week-ends de vacances.

J’ai tout appris, c’était physique mais la musique avait une grande place puisqu’on faisait des veillées. Et on chantait. C’est là que j’ai appris à jouer de la guitare. J’ai également découvert la vie en collectivité.

À 12 ans, on avait des responsabilités puisqu’on encadrait cinq garçons. Plus tard, je suis devenu chef de patrouille mais j’ai trahi un an après : j’aurais dû devenir responsable pour rendre tout ce que l’on m’avait appris. Mais je me suis lancé dans le rock et il fallait faire un choix. »

« On peut rater son coup en famille, échouer à l’école et être heureux chez les scouts.

La nature, la marche, l’effort physique, la nuit, le froid, c’est là que ça se passe. J’ai appris l’intimité avec la nature, avec la nuit et le silence, appris à être seul avec moi-même. A 12 ans, on partait en "explo" à six ou sept en dormant dans les granges, en cherchant notre route à la boussole, ce qui ne serait plus possible aujourd’hui. On n’avait peur de rien. Maintenant, je me sens partout chez moi, même en Afrique, à l’autre bout du monde. Je sais me préparer un repas, monter une tente, désinfecter une plaie, je n’ai pas besoin d’être assisté tout le temps !

En faisant la cuisine, des nœuds ou les premiers secours, on se frotte aux autres, on devient tolérant, en respectant les capacités de chacun. A travers des apprentissages factuels, on arrive à l’essentiel. A 15 ans, je me suis retrouvé plus expérimenté, en ayant emmagasiné une somme de connaissances de l’autre plus importante qu’ailleurs. J’ai appris avec la vie collective à parler une autre langue. La découverte de soi, des autres, ce sont des libertés en plus, des verrous qui sautent : on n’a plus peur de la nuit, de la route, d’une route inconnue.

Aux scouts, on apprend vraiment à entrer en contact avec le monde, qu’il s’agisse de vendre un calendrier, de demander un hébergement, de se débrouiller en voyage. Le rapport à l’autre est sain. Parce qu’on s’est construit soi-même, l’autre n’est plus un besoin, mais un désir. C’est l’humanité de base que ne connaissent plus les enfants lorsqu’ils deviennent incapables de rester seuls quelques heures loin de leur écran…

Ces veillées où l’on s’expliquait, c’étaient des prémices de démocratie participative. Chacun vidait son sac dans le cadre d’une autorité juste et progressive. A 7-8 ans, vous pouviez déjà avoir de petites responsabilités, à 10 ans, devenir chef de troupe, chargé de faire respecter l’heure ou le rangement. C’est une prise d’autorité progressive et naturelle qui se transmet et ne s’apparente pas à l’autoritarisme.

J’entends souvent dire aujourd’hui "J’ai un problème avec l’autorité", mais quand vous avez fait du scoutisme, l’autorité ne fait pas peur, n’est pas une ennemie. Je sais que je peux m’y soumettre et l’exercer sans l’humilier. Je me rappelle avoir passé seul une journée entière dans une prairie, puni après avoir fait pas mal de bêtises. Eh bien, c’était une des meilleures journées de ma vie, passée à regarder, creuser, rêver, marcher… Le scoutisme, ce n’est pas du formatage, mais une boîte à outils où l’enfant se frotte aux expériences : le rapport au travail, à l’autorité, aux autres. On se découvre des capacités. A chacun d’en faire une force pour sa vie. »

PS

Sources : La Vie n°3225, 21 juin 2007, Elisabeth Marshall et Delphine Roger
Le Figaro, 22 Mars 2007, Anne Jouan et Agnès Leclair

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