L’art de la photo au coin du feu

Tout le monde se souviendra toute sa vie des veillées, de l’ambiance du coin du feu, de la lumière des flammes sur les visages, des regards irrésistiblement attirés par le feu.

Mais pour ce qui est de capter cette impression en photo, c’est une autre histoire ! La lumière est rouge, elle change sans cesse, et surtout, elle est très très basse. Voici quelques aides pour réaliser des photos de veillées ou plus généralement, des photos lorsque la lumière est presque absente.

Au moment de la prise de vue

1. Rajouter de la lumière

Tant qu’à faire, si on a la possibilité de rajouter de la lumière, il ne faut pas s’en priver.

Tu peux rajouter des torches. Un grand classique pour les Promesses, en plus de sacraliser l’instant, ça apporte beaucoup de lumière. Pense bien à faire en sorte que ceux qui portent les torches encadrent bien ton sujet.

Remplis un jerrican d’eau, colle contre la paroi une ou plusieurs lampes à diodes. L’eau et le jerrican font diffuseur, tu as alors une borne lumineuse qui éclaire de façon homogène et que tu peux placer où tu le souhaites. Attention, cette lumière-là est très bleutée, elle permettra d’atténuer le rouge du feu, mais placée trop près du sujet, elle le fera disparaître.

Utilise ce que tu as à ta disposition : une lampe tempête, un téléphone portable, même un ordinateur ! Tu pourras ajouter de la lumière et même choisir facilement sa couleur en affichant un écran d’une couleur de ton choix.
Des cierges ou des petites bougies chauffe-plat permettront de répartir la lumière de façon harmonieuse.

2. Aller grappiller le moindre photon possible

Si tu n’as pas encore lu l’article sur l’exposition, cours-y vite.

Sinon, tu sais que tu peux varier sur trois critères. La sensibilité (les iso), l’ouverture, et la vitesse.

Plus tu montes en iso, plus la scène paraîtra lumineuse. Toutefois l’image pourra être dégradée. Les boîtiers les plus récents permettent de monter très haut, et d’ici quelques années, 200 000 iso sera une valeur normale (et ce jour-là, cet article ne servira plus à grand chose !).

Plus tu ouvres le diaphragme de ton objectif, plus la lumière arrive au capteur. En revanche, la zone de netteté diminue, il faudra être précis dans la mise au point.

Diminue la vitesse et d’avantage de lumière arrivera. Attention, en dessous de l’inverse de ta focale (si tu as un 50mm, en dessous de 1/50ème de seconde) il sera difficile de ne pas bouger pour obtenir une photo nette. Cette limite dépend toutefois de chacun. Pour être sûr, commence à une vitesse élevée puis baisse progressivement en fonction des besoins.

3. Se stabiliser.

Si tu as un trépied ou un monopode, utilise-le, il te permettra de descendre d’avantage encore la vitesse. Si tu utilises le retardateur, tu maximises tes chances d’obtenir une photo nette (tu perds ainsi les vibrations provoquées quand tu appuies sur le déclencheur). Tu peux utiliser un déclencheur à distance si tu en as un.

Utilise un objet, une malle, une souche pour poser ton appareil. Ne tentes pas de poser ton appareil sur la tête de quelqu’un ou sur son épaule, le simple fait de respirer le fera bouger.

Si ton objectif ou ton appareil photo dispose d’un stabilisateur (marqué IS chez Canon, VR chez Nikon, OS chez Sigma et VC chez Tamron, les boîtiers Sony et Pentax intègrent la stabilisation au boîtier) tu pourras descendre encore la vitesse. Commence là aussi à une vitesse élevée, puis baisse progressivement jusqu’à trouver ta limite.

En post-production.

Il va de soi que pour retoucher efficacement ce genre de photo, le RAW est incontournable !

1. L’exposition

Tous les logiciels ont des curseurs de réglage d’exposition. Attention toutefois, le curseur trop poussé donnera une image bien plus claire, mais aussi des couleurs dénaturées, et beaucoup de bruit.

2. Les couleurs

Un choix s’impose de base, un rendu plus "feu" et orangé mais en conservant une partie des couleurs, ou un rendu plus clair, avec plus de couleurs.

Utilise pour cela la balance des blancs. Si tu veux un rendu plus froid, plus clair, sélectionne l’outil pipette, et clique sur une zone qui est grise ou blanche. Lorsque la personne est en tenue scoute, tu trouveras toujours un peu de blanc sur ses insignes. Si la personne n’a pas de blanc sur elle et que la résolution de la photo te le permet, tu peux cliquer dans le blanc des yeux.

Tu devras sans doute ajuster ensuite manuellement la balance des blancs pour avoir le rendu que tu souhaites. Tu peux aussi renoncer de base à la pipette et tout faire à la main, pour avoir un rendu plus proche de l’ambiance de veillée.

La lumière du feu est jaune, rouge. Quand elle est la seule source de lumière, elle a tendance a écraser les autres couleurs, on se retrouve alors presque avec une photo orange et noire. Il est alors très difficile de récupérer les couleurs que tu souhaites. Certains logiciels de traitement te permettent soit de régler couleur par couleur la luminance, la teinte et la saturation, soit de régler la balance des blancs localement.

4. le bruit

Monter en sensibilité dégrade la photo, et génère du bruit.

Le bruit, c’est tout d’abord du grain, comme si plein de grains de sable s’étaient déposés sur la photo.

C’est également du bruit chromatique : des taches colorées, qui n’ont en principe aucune raison d’être là.

La plupart des logiciels permettent de réduire individuellement ces deux manifestations du bruit, il faut savoir toutefois que pousser le curseur trop loin a des inconvénients. Le grain, trop lissé donne une impression d’aplats de pixels, et on perd le coté naturel de la photo.

Le bruit chromatique s’il est trop corrigé baisse la saturation de l’image et dénature les couleurs, il peut être alors difficile de les récupérer.

5. l’option noir et blanc

C’est un peu l’option in extremis, lorsque les couleurs sont impossibles à récupérer, passe l’image en noir et blanc. C’est une solution de facilité qui a l’inconvénient qu’une image noir et blanc sera beaucoup moins facilement utilisable, aussi bien sur internet qu’imprimée.

Un exemple.

Cette photo a été prise à une fin de veillée, à un moment où le feu était déjà bien bas. La scène est principalement éclairée par des braises, donc extrêmement rouge. Pour grappiller le plus possible de lumière, l’objectif est ouvert à son maximum (1,4), la vitesse est baissée à 1/50ème de seconde, et la sensibilité montée au maximum (ici 12 800 iso).

Tout d’abord, j’ai essayé l’outil pipette sur l’insigne. La photo a pris une teinte violette très marquée. J’ai donc corrigé manuellement, sans toutefois réussir à me débarrasser de la teinte violette, à moins de revenir à l’état photo orange et noire.

Je retouche donc manuellement la balance des blancs, ainsi que les couleurs. Je baisse toutes les teintes violettes pour les faire disparaître.
Cette teinte persistant dans les cheveux, la main, ainsi que sur les deux personnages d’arrière plan, je change la balance des blancs localement (pour les cheveux) et je supprime les deux personnages avec le tampon, ce qui donne un résultat toujours pas hyper exploitable, mais cette photo était vraiment prise dans les pires conditions qui soient.

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