Alger-Paris : les Scouts de France et la guerre d’Algérie
14 mai 2020, 20:07, Ecrit par martine naffréchoux
1- Une petite erreur à corriger : l’orthographe du nom de Roger LAZARD. Il appartenait à cette famille fortunée. Ma mère a longtemps collaboré avec lui à la rédaction de "Dialogues" , une petite revue ronéotypé qui réunissait dans les années ’70 quelques-uns des protagonistes de cet article dont J.P Pertus et Jean Lecuir (historien, ancien président de l’Unef en 1958). Roger, ancien scout routier du "clan des rois Mages" à l’Ecole Polytechnique, atteint par la poliomyélite et paralysé était le secrétaire de rédaction de cette petite revue ronéotypée rendant compte des activités d’anciens du mouvement scout et militants poursuivant leurs "dialogues" dans ces années-là.
2- Et un témoignage : le mien ; j’avais 10 ans mais je me souviens de tout de ce séjour à Alger en aout 1954 dans l’appartement de JP Pertus.
J’ai en effet accompagné (ainsi que ma mère) mon père et le clan des routiers? des Batignolles en août 1954 en Algérie. Il a organisé une randonnée en Kabylie précédee de nombreux contacts à Alger, conseillé par J P Pertus, un ancien des Batignolles, alors commissaire des SDF - toutes des personnes citées dans cet article. je me souviens de Lagha nous confiant ce qu’était le suplice de la baignoire qu’il avait subi au retour en Algérie d’une délégation de SMA à une réunion scoute internationale (le jamboree ?) où ils avaient défilé avec le drapeau indépendantiste algérien. Ma mère et moi sommes restées à Alger tandis que les routiers randonnaient à travers le Djurdjura, de Tizi-Ouzou à El-Adjiba en passant par les Ouadhias, le lac Goulmine etc. Trois scouts de Tizi-Ouzou, fraichement bacheliers : Ahmed RafaÏ, Mohamed Goumeziane, Mustapha Souibès ont mené cette randonnée.
De retour à Paris, mon père Jean-Louis Naffréchoux et les routiers, désireux de faire connaître ce qu’ils avaient vu et entendu sur la situation coloniale là-bas qui les avait fortement impressionnés pour ne pas dire indignés, ont voulu en témoigner et ont fait plusieurs conférences-projections sur ce qu’ils avaient vu et les personnes qu’ils y avaient rencontrées (un film et de nombreuses photos de grande qualité faites lors de ce voyage). Le 1er novembre a mis fin, je crois, à ces réunions publiques qui ne pouvaient qu’être mal comprises en métropole à partir de ce moment. Des dizaines d’années après, un de mes collègues universitaires, alors routier dans une paroisse voisine (Ste Odile), se souvenait encore de ce nom de famille et le rapprochait de ces conférences-projections militantes auxquelles il avait alors assisté. Il a été lui aussi partie prenante vers 1957 de la diffusion du "dossier Jean Mülller", le témoignage d’un appelé sur les tortures faites par l’armée et du refus de certains appelés d’y participer. Ma famille a repris contact après la guerre avec leurs amis de retour d’exil : Malek Ben Mebkhout et sa femme la photographe Florence Leroy. Aussi avec Jacques Berthelet, un ancien du clan des Batignolles qui avait joué un rôle important dans le mouvement de désobéissance des rappelés, puis dans le réseau Jeanson, lui aussi exilé par force.
De deux des guides de la randonnée, nous avons reçu des lettres durant la guerre. L’un était en formation en Tchécoslovaquie, l’autre, instructeur à Lille, a du partir précipitamment pour le Maghreb sans avoir pu rencontrer mon père comme il le souhaitait alors ; sa dernière lettre est provenue de la frontière maroco-algérienne. Nous avons appris après 1962, du père Deckers, père blanc prenant alors fonction à Tizi-Ouzou, que le responsable du groupe scout de Tizi-Ouzou de cette époque avait été massacré avec toute sa famille (10 enfants) quand des soldats français ont surpris chez lui un de ses anciens venu passer la nuit - probablement descendu du maquis. Le site internet des SMA de Tizi-Ouzou, rendant compte d’une exposition montée par eux il y a qq années, faisait état de 200 morts parmi ses anciens ayant pris les armes entre 1954 et 1962.
1- Une petite erreur à corriger : l’orthographe du nom de Roger LAZARD. Il appartenait à cette famille fortunée. Ma mère a longtemps collaboré avec lui à la rédaction de "Dialogues" , une petite revue ronéotypé qui réunissait dans les années ’70 quelques-uns des protagonistes de cet article dont J.P Pertus et Jean Lecuir (historien, ancien président de l’Unef en 1958). Roger, ancien scout routier du "clan des rois Mages" à l’Ecole Polytechnique, atteint par la poliomyélite et paralysé était le secrétaire de rédaction de cette petite revue ronéotypée rendant compte des activités d’anciens du mouvement scout et militants poursuivant leurs "dialogues" dans ces années-là.
2- Et un témoignage : le mien ; j’avais 10 ans mais je me souviens de tout de ce séjour à Alger en aout 1954 dans l’appartement de JP Pertus.
J’ai en effet accompagné (ainsi que ma mère) mon père et le clan des routiers? des Batignolles en août 1954 en Algérie. Il a organisé une randonnée en Kabylie précédee de nombreux contacts à Alger, conseillé par J P Pertus, un ancien des Batignolles, alors commissaire des SDF - toutes des personnes citées dans cet article. je me souviens de Lagha nous confiant ce qu’était le suplice de la baignoire qu’il avait subi au retour en Algérie d’une délégation de SMA à une réunion scoute internationale (le jamboree ?) où ils avaient défilé avec le drapeau indépendantiste algérien. Ma mère et moi sommes restées à Alger tandis que les routiers randonnaient à travers le Djurdjura, de Tizi-Ouzou à El-Adjiba en passant par les Ouadhias, le lac Goulmine etc. Trois scouts de Tizi-Ouzou, fraichement bacheliers : Ahmed RafaÏ, Mohamed Goumeziane, Mustapha Souibès ont mené cette randonnée.
De retour à Paris, mon père Jean-Louis Naffréchoux et les routiers, désireux de faire connaître ce qu’ils avaient vu et entendu sur la situation coloniale là-bas qui les avait fortement impressionnés pour ne pas dire indignés, ont voulu en témoigner et ont fait plusieurs conférences-projections sur ce qu’ils avaient vu et les personnes qu’ils y avaient rencontrées (un film et de nombreuses photos de grande qualité faites lors de ce voyage). Le 1er novembre a mis fin, je crois, à ces réunions publiques qui ne pouvaient qu’être mal comprises en métropole à partir de ce moment. Des dizaines d’années après, un de mes collègues universitaires, alors routier dans une paroisse voisine (Ste Odile), se souvenait encore de ce nom de famille et le rapprochait de ces conférences-projections militantes auxquelles il avait alors assisté. Il a été lui aussi partie prenante vers 1957 de la diffusion du "dossier Jean Mülller", le témoignage d’un appelé sur les tortures faites par l’armée et du refus de certains appelés d’y participer. Ma famille a repris contact après la guerre avec leurs amis de retour d’exil : Malek Ben Mebkhout et sa femme la photographe Florence Leroy. Aussi avec Jacques Berthelet, un ancien du clan des Batignolles qui avait joué un rôle important dans le mouvement de désobéissance des rappelés, puis dans le réseau Jeanson, lui aussi exilé par force.
De deux des guides de la randonnée, nous avons reçu des lettres durant la guerre. L’un était en formation en Tchécoslovaquie, l’autre, instructeur à Lille, a du partir précipitamment pour le Maghreb sans avoir pu rencontrer mon père comme il le souhaitait alors ; sa dernière lettre est provenue de la frontière maroco-algérienne. Nous avons appris après 1962, du père Deckers, père blanc prenant alors fonction à Tizi-Ouzou, que le responsable du groupe scout de Tizi-Ouzou de cette époque avait été massacré avec toute sa famille (10 enfants) quand des soldats français ont surpris chez lui un de ses anciens venu passer la nuit - probablement descendu du maquis. Le site internet des SMA de Tizi-Ouzou, rendant compte d’une exposition montée par eux il y a qq années, faisait état de 200 morts parmi ses anciens ayant pris les armes entre 1954 et 1962.