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Alger-Paris : les Scouts de France et la guerre d’Algérie

7 mars 2007, 13:05, Ecrit par Jean-Jacques Gauthé

Bonjour Philippe,

Je n’ai pas encore pu mettre en ligne l’édito de Jacques Despins de décembre 1955 par manque de temps

Je lui ai effectivement dédié mon livre "Les scouts" qui vient de paraitre. Jacques a eu une vie étonnante. En quelques mots : Né en 1914 en Normandie, il arrive en Algérie dans les années 30. Il y apprend l’arabe et découvre l’Islam. En 1945, les Scouts de France lui demandent de relancer la branche musulmane de cette association qui avait été créé à partir de 1941. Jacques va s’y atteler puis lance le programme algérien des Scouts de France destiné à adapter le programme des SDF à la réalité algérienne dans les épreuves de classe par exemple.

Quittant le scoutisme, il va dans les années 50 mettre sur pied l’un des tout premiers centres de vacances familal d’Algérie. On trouve sur Internet la présentation qu’il en fait en 1952 dans la revue "Documents algériens" édité par le Gouvernement général d’Algérie. Voir le lien ci dessous. Ce centre permettra aussi la formation professionnelle hotelière de jeunes d’Algérie.

Catholique convaincu, Jacques est, notamment au nom de sa foi, un artisan actif du rapprochement entre les "européens" et les "musulmans", selon le vocabulaire utilisé à l’époque. Ce qui dans le contexte colonial est une position extrêmement difficile. De 1955 à 57, il revient dans le scoutisme comme commissaire de région SDF d’Algérie alors que la guerre fait rage. Il va continuer à encourager ce rapprochement malgré la haine. C’est tout le sens de son édito de décembre 1955 où il met en garde les européens contre le contre terrorisme et rappelle que les scouts sont des éclaireurs de paix.

Très lié au Scouts musulmans algériens (SMA), il essaye d’obtenir la libération d’Omar Lagha, leur commissaire général, arrêté un soir de juin 1957 par des parachutistes. Il rencontrera le général Massu à ce sujet mais en vain. En 1961, il est nommé adjoint au préfet commissaire général de la jeunesse en Algérie. Celui-ci a un autre adjoint, le président des SMA, que Jacques Despins connait très bien. Ils vont s’efforcer de limiter la division entre européens et musulmans. Dans l’atmosphère de folie meurtrière d’Alger en 61-62, Jacques s’efforce de trouver des solutions qui préserve les lendemains car il est désormais clair que l’Algérie sera indépendante

Jacques a toujours agi pour le rapprochement des hommes. Si ceux de sa trempe avaient été plus nombreux, une bonne partie du drame algérien aurait certainement été évité.

Voir en ligne : Le centre familial de vacances de Ben Aknoun

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