Philippe Gildas, ancien CP et chef de troupe

Un long parcours scout qui marque une vie

Personnalité cultissime de la télévision des années 90, Philippe Gildas était connu (entre autres !) pour son animation d’une bande folle et devenue tout aussi culte dans l’émission Nulle Part Ailleurs : Antoine De Caune et ses personnages loufoques dont Ouin Ouin, les Guignols de la grande époque, les Nuls, etc.

Ce qui est moins connu est qu’il était scout ! Nous en sommes certains, tout vient de là (enfin ... peut-être).

Philippe Gildas nous a quitté dans la nuit du 27 au 28 octobre 2018 des suites d’un cancer. Si tous les médias retracent sa vie, ce qui nous intéresse plus, est qu’il a été scout de nombreuses années.

Lire aussi :

Antoine De Caunes

Producteur, humoriste, acteur, scénariste, réalisateur et présentateur du Grand Journal et de la cérémonie des Césars du cinéma, Antoine de (...)

Né dans le Morbihan en 1935, Philippe Gildas a passé son adolescence dans le Berry. C’est Philippe Gildas lui-même qui le raconte dans son autobiographie "Comment réussir à la télévision quand on est petit, breton, avec de grandes oreilles".

En arrivant à Bourges, en 1946, à 11 ans, il rejoint les Scouts de France. "D’abord pour les activités multiples qu’ils proposent, mais aussi pour les randonnées dans la campagne qui manquent au petit paysan frustré que je suis rapidement devenu en ville".

Le scoutisme école de la vie

Grâce aux scouts, j’ai appris plein de choses, et d’abord à essayer de comprendre les autres.

Je n’ai jamais fait de psychanalyse mais d’être chef de patrouille puis chef de troupe m’a un peu initié à la direction d’une équipe. Quand bien plus tard, je me suis retrouvé patron de rédactions, de services d’information, ou même d’une radio tout entière, successibivement à Combat, RTL, TF1 ou Europe1, ou encore à piloter le vaisseau amiral de Canal+, Nulle Part Ailleurs, je n’ai jamais fait autre chose que reproduire ce que j’avais appris adolescent chez les scouts : écouter et décider. En gueulant quand il faut gueuler, quitte à acquérir une réputation colérique à la mauvaise foi carabinée.

Chez les scouts, j’ai aussi appris que n’importe lequel d’entre nous peut être habile de ses mains. C’est d’autant plus utile quand il s’agit de vivre sans moyens dans un milieu difficile. A la Bérarde, nous avions réussi à éclairer nos tentes en produisant notre propre électricité avec un moulin placé dans le courant du torrent Vénéon ! C’est comme cela que je suis devenu bricoleur ...

Antoine de Caunes dans le rôle de Ouin Ouin, avec Philippe Gildas

Le scoutisme, des souvenirs qui construisent une vie

A une époque où faire des voyages n’est pas si courant, le scoutisme a permis à Philippe Gildas de vivre ses premières grandes aventures.

C’est grâce aux camps scouts que j’ai effectué mes premiers grands voyages. A 15 ans, par exemple, je découvre les Alpes et l’alpinisme, à La Bérarde, dans le massif des Ecrins

En dehors des mini-camps d’un week-end, où nous allons planter notre tente en Sologne, à la découverte des champignons et des vipères (...) je me souviens d’un long périple à pied, tirant nos charrettes remplies par nos tentes, nos duvets, nos sacs à dos, sous le cagnard de juillet, dans les gorges du Tarn. Devenu étudiant et chef de troupe, j’emmenai mes scouts pendant trois semaines dans les Vosges en qualité d’organisateur. Une vraie galère ! Cette année-là, il a tellement plu que le camp a été inondé.

Et puis il raconte un souvenir digne de Scouts Toujours, mais nous parlons des années 50 :)

Bus dans "Scouts Toujours"

Viendra enfin, toujours comme chef de troupe, mon dernier camp. Trois semaines dans le massif de la Grande Chartreuse, où c’est à moi, puisque j’ai le permis de conduire, que l’on demande d’emmener une trentaine d’ados, au volant d’un vieil autobus parisien à plate-forme, réformé bien sûr, trouvé par le curé. A l’époque, il n’y avait, semble-t-il, pas besoin d’un permis spécial. Que l’ont soit revenus vivants relève du miracle ! Au cours du trajet retour, je comprends un peu tard que les freins de l’autobus ne sont pas du tout adaptés aux routes de montagne ; je le découvre au moment où les roues se bloquent pour de bon, dans une trop longue descente négociée entièrement au frein. A partir de là, freins enfin refroidis mais moi suant à grosse gouttes, j’ai réduit la vitesse, descendant au frein moteur, en rétrogradant. Nous avons terminé la trop longue descente à vingt à l’heure ...

Il raconte par ailleurs dans son livre à quel point son expérience scoute a influencé son envie de voyage en mode débrouille. Ainsi dès ado, un raid à vélo avec un copain, l’emmène jusque la Creuse pour une centaine de kilomètres avec nuit en bivouac sous la tente. Ou à ses 20 ans, permis à peine en poche, avec son camp en Chartreuse, il part avec trois copains à bord d’une vieille citroën de 1921 camper trois semaines en Espagne, pays sous la dictature de Franco, en ne parlant pas un mot d’espagnol.

Hommage en chanson

Si tu n’as pas été de cette génération "Esprit Canal", cette chanson le raconte, diffusée devant Philippe Gildas qui en a les larmes aux yeux.

Publié le (mis à jour le )