Faire voter une décision "comme les grands"

Et si tu profitais d’un vote nécessaire à ta vie d’unité pour expliquer les élections ? Expliquer l’isoloir, le temps de réflexion, le rôle des assesseurs, en le pratiquant réellement !

Tu as souvent un projet, une aventure, une décision importante à faire voter. Nous te proposons d’en profiter pour expliquer les enjeux et comment marche une élection. Le jouer pour de vrai devrait amener des débats, voire des tentatives de triche, qui permettent alors d’élargir à la vie nationale et de sensibiliser au fonctionnement d’une élection.

J’ai eu plusieurs fois l’occasion de jouer une élection sur cette forme : cela crée une solennité au vote importante, et cela invite souvent les jeunes à poser des tas de questions. C’est l’occasion de sensibiliser à la vie démocratique et de faire comprendre l’importance du vote citoyen, réalisé par et avec les citoyens. Et ça marche à tout âge !

Attention : cet exercice est pris très au sérieux par les jeunes (à raison). Tu dois avoir une éthique irréprochable : pas d’influence dans les choix, respect de la décision collective. Se pose la question du vote ou non des chefs et des responsables. Il est tout à fait imaginable que les chefs / responsables ait le droit de vote.

Le temps de la campagne

Annonce la campagne à l’avance, avec une durée limitée et annoncée. Exemple : le samedi après-midi du week-end. Pendant cette campagne, chacun peut présenter son idée, la défendre librement. Dans les temps officiels d’unité, le temps de parole est chronométré pour s’assurer qu’il soit égal. Si les uns ou les autres viennent avec des supports qui ont couté un peu d’argent (impressions, photos), demande le budget, et impose un budget maximum pour l’ensemble de la campagne (exemple : 10€).

Pourquoi ? La campagne impose un temps de parole égal dans les médias pour laisser sa chance à chacun. Les budgets de campagne maximum permettent de ne pas favoriser le candidat qui a le plus d’argent, qui peut alors inonder les électeurs d’informations sur sa campagne.
La campagne a un début et une fin marqués, pendant lesquels ces temps et budgets sont vérifiés.

Le temps du silence

Peu de temps avant une élection, la campagne est finie : il est interdit de parler du sujet de la campagne. Comme les médias. C’est le temps du silence, de la réflexion et du vote. Par exemple, tu peux annoncer la fin de la campagne à 18h, pour un vote le dimanche. A partir de 18h, on parle de tout, sauf du scrutin à venir !

Pourquoi ? Là aussi, le but est d’empêcher toute influence. Beaucoup d’études montrent que c’est souvent le dernier point de vue qui reste. Alors, ce temps de silence est imposé peu de temps avant l’élection et surtout pendant l’élection.

Le temps du vote

Crée une urne en carton, et crée un véritable bureau de vote.

  • des bulletins préparés, et tous identiques en taille et composition,
  • un isoloir : par exemple un arbre isolé au pied duquel seul le votant peut se rendre et consigner son vote, ou une tente. C’est un lieu isolé, duquel on ne peut voir personne.
  • un bureau de vote simplifié avec : un responsable du bureau, des assesseurs représentant chaque projet.

Le vote se fait en plusieurs étapes, là aussi, on va simplifier :

  • tu appelles le jeune,
  • il prend au moins deux bulletins et une enveloppe,
  • il va remplir son bulletin,
  • il signe la liste électorale,
  • tu présentes l’urne,
  • il remet son bulletin dedans.

Tu peux autoriser, ou non, l’abstention, et décider comment traiter le vote blanc : le compter comme un vote à part entière, ou décider de ne pas le compter. La règle doit être donnée à l’avance.

Pourquoi ? L’isoloir est un élément important du vote. Il laisse l’électeur seul face à son vote, sans aucune influence de ses amis, de sa famille. Chez les scouts, de ses copains de son équipe. C’est une des raisons pour lesquelles le vote sur internet fait aujourd’hui débat. Les bulletins sont de forme identique, les symboles nationaux (couleurs nationales, etc.) y sont interdits. Il est obligatoire de prendre au moins deux bulletins pour ne pas montrer pour qui on vote. Là aussi, c’est pour essayer de ne pas influer par la forme. Enfin, c’est l’électeur qui remet le bulletin dans l’urne, sans aucune interaction par un tiers. C’est pour lutter contre la fraude. Les assesseurs votent, mais sont là pour vérifier qu’aucune fraude n’a lieu, ni aucun comportement pouvant influer l’élection dans le bureau de vote.

Le temps du dépouillement

Là aussi, nous te proposons un système qui matérialise le dépouillement. Demande des volontaires pour dépouiller. Ils seront "surveillés" par les assesseurs.
Le bureau de vote n’a pas quitté l’urne entre le moment du vote et le dépouillement.

  • l’urne est ouverte et vidée devant tout le monde.
  • les bulletins sont comptés, il y en a un par électeur qui a signé la liste électorale.
  • les bulletins sont ouverts par un des dépouilleurs, qui le pose à plat par tas, visible par tous. Les bulletins blancs sont mis de côté. Les bulletins non recevables aussi mis à part (double vote, marques sur le bulletin, etc).

Pourquoi ? Enchainer le dépouillement avec le vote permet de démontrer qu’il n’y a pas eu fraude. Le fait de vider l’urne devant tout le monde, montre aussi qu’il y a pas eu d’action entre temps. Si le nombre de bulletins diffère des signatures sur la liste électorale, alors il y a probablement fraude, ça annule l’élection. Les bulletins sont montrés à tous pour que tous confirment que le vote annoncé n’est pas modifié.

Le temps du résultat

Tu peux alors annoncer les résultats à tout le monde.
Tu peux prévoir un second tour, en enchainant les séquences précédentes plus rapidement. Les deux gagnants peuvent faire évoluer leur proposition pour prendre en compte les perdants.
Tu pourrais observer que des jeunes perdants incitent à voter pour d’autres (les ralliements d’entre deux tours), ou que d’autres sont très embêtés pour voter (la frustration de certains seconds tours).

Et après ?

La décision est prise, elle ne peut plus être contestée. C’est ainsi, mais c’est aussi l’éducation à la frustration de ne pas avoir forcément "gagné".

Mais tu peux aussi prévoir des mécanismes démocratiques pour remettre en cause une décision plus tard. Par exemple : si 60% des jeunes demandent un référendum par pétition, il est alors organisé.

La question qui peut se poser aussi est qui lance la démarche de vote : uniquement les chefs et responsables, ou les jeunes sont les déclencheurs du vote (par le jeu des conseils par exemple).

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