Les enjeux éducatifs des réseaux sociaux

Découvre ici notre proposition d’enjeux éducatifs, mais attention, nous n’avons pas la prétention d’être exhaustifs : le sujet est vaste. N’hésite pas à commenter pour en ajouter :)

Cet article fait suite à nos deux précédents articles sur l’état des lieux des réseaux ados. Nous savons où ils sont, ce qu’ils font ... quels sont les enjeux maintenant ?

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Avertissement

Il est tentant de se focaliser sur les enjeux éducatifs vers nos ados sur les réseaux sociaux, cependant les adultes n’ont pas un comportement irréprochables. Les parents passent plus de temps que leurs enfants sur les réseaux, les commentaires haineux sont souvent en provenance d’adultes, etc. Sur certains sujets, comme la vie privée par exemple, si des problèmes existent, nos ados sont plus murs que de nombreux adultes sur le sujet.

D’autre part, nous n’irons pas jusqu’à proposer des solutions clé en main. A chacun de voir ce qu’il peut faire pour sensibiliser au sujet, voire décider qu’un enjeu qu’on propose ne l’est pas de ton point de vue.

Les enjeux éducatifs que nous posons permettent de choisir ce qui te semblerait prioritaire, à chacun de voir comment il le met en œuvre. Débats, discussions, jeux ... ou simplement ne pas aborder le sujet parce qu’on considère que ce n’est pas le périmètre du scoutisme. Chacun a sa vision des choses :) Nous proposons quelques idées de thèmes de discussions, ainsi que des sources, toutes reconnues pour leur sérieux ou leur expertise.

Enfin bien entendu, les enjeux éducatifs abordent les points négatifs ou à améliorer. Nous l’avons montré dans nos précédents articles : les réseaux sont aussi de formidables outils de créativité. Diaboliser les réseaux sociaux serait vraiment une erreur : ils sont capables du pire comme du meilleur, et le meilleur existe bien !

Éduquer aux réseaux sociaux : et si l’enjeu n’était plus la vie privée ?

Le levier de la vie privée parait bien compris par les jeunes du moment. La notion de commentaires respectueux aussi, dans le sens où ils connaissent bien la règle qui est la suppression ou le bannissement. Ils ne le contestent même plus. Sur ces sujets, ce sont surtout les adultes qu’il faut éduquer, et pas qu’un peu ...

Mais ... car il y a un mais ... il est dans l’enjeu suivant :)

Un inconnu reste un inconnu, même numérique

C’est toujours étonnant. Même quand le compte est privé, la curiosité est telle que beaucoup d’ados acceptent finalement n’importe qui. Entre autres, sur Instagram, cela peut permettre d’avoir un peu plus de likes. C’est particulièrement le cas chez les plus jeunes, les 11-15 ans.

Dans la rue, jamais on accepterait d’avoir des gens qu’on ne connait pas à regarder par la fenêtre de sa chambre, mais sur Internet, y a pas de souci.

Cela se conjugue à une assez étonnante incapacité à bloquer des personnes sur son réseau.

Un article The Conversation approfondit la notion de l’amitié sur Facebook mais nous pouvons l’élargir à la notion d’un ami sur les réseaux sociaux.

Le sujet de l’amitié est un sujet qui passionne les ados. Faire le lien avec les "amis" sur les réseaux promet de jolis débats.

Sujet de débat : "est-ce que mon meilleur ami est celui ou celle qui a le plus de flammes sur Snapchat ?"

Mon téléphone, mon doudou

Apprendre à vivre simplement, loin de son téléphone, à profiter de l’instant parait être un enjeu, pour tous. Une solution est de faire prendre conscience du comportement de chacun quand il a son téléphone sous la main :

Le téléphone est devenu un véritable doudou. Un objet qu’on reprend en main quand on stresse. Un objet dont il est stressant de s’éloigner ou d’oublier à la maison.

Notons là aussi que les plus gravement atteints du syndrome sont les adultes :)

Sujets de débat : "mon téléphone a-t-il remplacé mon doudou ?" "suis-je capable de maitriser mon stress et mon ennui sans mon téléphone ?"

La validation sociale

Ils le disent souvent "aux scouts, on peut être vrais, comme on en a envie, sans faire d’image". L’importance de l’absence de téléphone devient alors presque une survie, un espace tranquille. Mais aussi un espace où il n’y a pas besoin de like pour valider ce qu’on est.

C’est intéressant de faire pointer du doigt cette différence, non ?

Nous pouvons parler aussi de la différence entre la vraie vie et ce qu’on veut bien en raconter. De l’image qu’on véhicule de sa propre vie. Et du sentiment d’une vie si banale et triste par rapport à d’autres vies.

Sujets de débats : "suis-je libre sous le regard des vidéos des smartphones ?" "suis-je identique en présence de téléphones ou sans leur présence ?" "Ne suis je pas publicitaire de ma propre vie ?"

La gratification

Bon, sommes-nous plus crédibles avec nos badges scouts ? Mais nous pouvons amener à réfléchir sur la valeur d’un like, sur ce qui fait du like, vs ce qui a une réelle valeur.

Aujourd’hui faire des pranks rapportent énormément de likes sur YouTube. Est-ce une réelle gratification ? Montrer son corps quand on est BG aussi, est-ce que cela en vaut vraiment le coup ?

Sur LaToileScoute nous avons aussi souvent remarqué qu’il y a moins de like sur un article long, intéressant et enrichissant que sur un contenu léger.

Et si le like ne récompensait pas que la futilité par rapport à du contenu ou des attentes plus fortes ?

Sujets de débat : "et si les profs me notaient par des likes ?" "Qu’elle importance du nombre de likes ou de vues sur mes publications ?"

Plaisir et bonheur, deux choses différentes

Ah ah sujet philosophique s’il en est. Est-ce que parce que j’ai du plaisir à recevoir des likes, je suis heureux ? Et ça devient un sujet physique, pas que psychologique.

En savoir plus :

Sujets de débat : "Suis je plus heureux parce qu’il y a plus de like" "Mes moments dont je me souviens le plus dans ma vie sont-ils ceux qui font le plus de like ?"

Le sexe sur Internet

Et on ne parle pas ici que du porno. Les échanges de nude, le sexting via Snap, qu’en penser ? Sujet difficile car touchant à l’intime mais un enjeu réel.

Sujets de débat : "Une femme si elle dit non, c’est qu’elle dit oui, non ?" "Nude et sexe pour passer du bon temps, ou par amour ?"

La sécurité de ses données

C’est une préoccupation majeure de nombreux ados : ne pas se faire pirater. Mais en même temps, leurs mots de passe sont tellement faciles ... Alors rassurons les, donnons quelques bonnes pratiques.

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Se créer un mot de passe sécurisé

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Pour aller plus loin, avec les affaires récentes sur Facebook (qu’ils ou elles utilisent peu), il y a une importance à sensibiliser à la protection de ses différents comptes en n’exécutant plus n’importe quelle application sur son compte.

Réseaux sociaux, bulles de pensées et démocratie

Vaste et long sujet. Plutôt orienté ados plus vieux.

Les algorithmes des réseaux formatent les idées par rapport à ce que le visiteur pense. Absence du contradictoire, portée plus facile des fake news, cela crée un réel soucis de démocratie.

L’affaire Cambridge Analytica a montré d’autres limites. En très résumé :

  • Cette société a récupéré des données sur la base d’une application Facebook.
  • Grâce à un sondage de personnalité, cette société a réussi à croiser les personnalités et les likes de manière très fine.
  • Grâce à ce croisement, des personnalités politiques ont pu exploiter un ciblage extrêmement fin pour influencer les opinions (on peut parler de manipulation), pour obtenir un vote en leur faveur. Pour cela, pour un même message à passer, ils ont décliné ce message en multitudes de messages très ciblés pour faire évoluer les avis.

Plusieurs notions pour approfondir :

Ces exemples sont autant de sujets ou d’accroche pour des débats.

Le temps perdu à scroller : l’économie du temps d’attention

Le temps perdu à scroller désespérément sur les réseaux sociaux est hallucinant. C’est l’économie de l’attention : le réseau fait tout pour capter l’attention pour vendre de l’espace publicitaire. Le temps de cerveau disponible (vieille citation d’un dirigeant de TF1) est la matière première.

Tout ce temps passé à tenter de convaincre des gens qui ne changeront jamais d’avis, à scroller inutilement, est autant de temps à ne pas faire autre chose.

Sujets de débats : combien de temps passés par jour sur les réseaux. Ne passe-t-on pas des soirées entières à scroller, discuter, et se rendre compte qu’on n’a finalement rien fait ... ne serait ce que regardé un film ?

Expériences : Plutôt que supprimer son compte, de nombreux "geeks" experts indiquent avoir des pratiques de "soirées déconnectées", soirée familiale avec tous les téléphones posés. Exemple : le jeudi soir, no réseau. Autre exemple, encore témoigné par un journaliste High Tech (ou par l’auteur de l’article), supprimer certaines applications sociales de son téléphone. Moins de tracking, plus de temps disponible, potentiellement aussi consacré sur son smartphone, mais à faire autre chose !
Avec ces deux expériences on découvre bien souvent qu’on n’a finalement rien manqué. Les temps de déconnexion s’allongent alors.

Aller plus loin

Il n’est pas dit que nous ayons relevé tous les enjeux éducatifs, n’hésite pas à commenter !

L’émission de Studio404, podcast animé par des vieux briscards du Net, qui en suivent les usages depuis des années. Ils ne parlent pas spécifiquement des usages ados, mais le sujet est bien traité et ludique. Dépendance aux likes, comment s’éloigner de réseaux, ce sont des accros qui t’en parlent, avec un ton convivial et sympathique, loin du ton de France Culture ;) . Faire écouter cette émission pourrait presque relever de l’intérêt général.

A partir de 5’12’’, pendant environ 30 minutes.

France Inter aborde la question de la connexion, indépendamment des âges.

The Conversation aborde avec un bel article la difficulté à quitter Facebook, et surtout les causes de cette charmante dépendance aux réseaux sociaux en général.

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